Communiqué de presse de l’ exposition galerie Bernard Jordan - 2008.



Aphorisme : « Phrase sentencieuse qui résume en quelques mots ce qu’il y a de plus essentiel à connaître sur une question. Enoncé succinct d’une vérité banale. »
Larousse de la langue française.

Alain Sicard s’est construit essentiellement dans les musées et les livres d’art. Son travail est profondément marqué par ces fréquentations régulières. En puisant largement dans les reproductions de catalogues, les cartes postales, les revues d’art, il s’approprie l’iconographie muséographique, qui redevient matière première de sa peinture ; il croise par ce biais de multiples styles et écoles, qu’il réinvestit et pervertit tout à tour.
Ma peinture [est] comme une généalogie désorganisée de l’histoire de l’art, je ne démarre rien, je ne fais que recevoir.

Alain Sicard travaille toujours sur du papier, -papier couché-, support qui le relie à l’image photographique. Il utilise de la peinture à l’huile, très liquide, qui recouvre ce papier d’une pellicule mince et lisse. La couleur, parfois monochrome, à l’instar des gravures anciennes, peut aussi muer dans des gammes délibérément nauséeuses, en dépit du blanc du papier, -celui des fonds, celui des marges-. Les formats, contrastés, s’intègrent à des familles distinctes, qui portent des titres génériques.
La conjonction de ces moyens permet d’énoncer sous une forme essentielle et banale un état de la peinture à un moment donné : Alain Sicard pose sur le papier des « aphorismes picturaux ».
Faire revenir la mémoire de l’histoire de l’art à la main, la tirer physiquement de cette fange de boue picturale ; cette mémoire extirpée du papier posé à plat sur la table de travail.

Alain Sicard questionne le rapport qui lie l’original à sa reproduction, à l’imagerie de l’histoire de l’art qui hante nos mémoires collectives et individuelles, avec les déformations, les interactions, les confusions qui en résultent.
J’aime quand le malaise s’insinue dans mon travail, la sensation de malaise à la vue de mes peintures, l’idée que l’on hésite entre leur acceptation ou leur rejet , le trouble qui naît de la confusion avec leurs référents.