Communiqué de presse de l'exposition "Plié en deux" - galerie Bernard Jordan - 2025


Plié en deux

C’est peut-être ce qui nous frappe en premier lieu en regardant les récentes peintures sur papier d’Alain Sicard : ce pli horizontal qui bissecte la feuille, attirant notre attention sur sa souplesse, sa légèreté. Cette finesse du support papier semble être en contradiction avec l’apparente matérialité et la profondeur onctueuse de la peinture. Alignées au mur à intervalles réguliers, dans l’atelier de l’artiste ou ici à la galerie Bernard Jordan, ces œuvres de dimensions moyennes, de formats verticaux, peuvent nous évoquer les pages d’un livre, voire des carnets de dessin grand ouverts, nous invitant dans un espace intime, celui de la pensée de l’artiste. Celui-ci explique que ce pli est arrivé de manière « fortuite » dans sa pratique. « Au lieu de couper une feuille en deux, je l’ai, par paresse, pliée en deux, me promettant de réaliser la coupe plus tard . » Mais en ouvrant sa feuille, il a découvert ce pli qui dessine un trait, crée une ombre, s’intègre à la composition picturale. Sans pour autant être systématique, plier sa feuille en deux est ainsi devenu un geste préparatoire parmi d’autres, qui fait partie du processus de conception de ses peintures.
Depuis une vingtaine d’années, Alain Sicard développe une approche très personnelle de la peinture. S’il peint parfois sur toile, son support privilégié est le papier, notamment un papier couché, lisse, comme celui qu’il a utilisé pour les peintures exposées ici. Sur sa feuille, il étale d’abord une couche de liant acrylique liquide, dans laquelle il exécute, en quelques minutes, une première peinture, tant que la matière colorée reste humide. Cette technique, nommée « alla prima », ou « au premier coup » en français, désigne un procédé davantage adapté à la peinture à l’huile, le temps de séchage de celle-ci étant plus long que celui de la peinture acrylique. L’artiste s’assigne le défi d’agir rapidement, dans un état de tension et de lâcher-prise.../...