Texte lu pour Subito Radio/ Subito Presto 3 des peintures - pour l'exposition à l'ahah, Paris - septembre 2021

Ma dernière peinture

A l’atelier, dans mon meuble à plans, se trouvent des feuilles minces, de 90cm de longueur sur 64cm de largeur. Elles sont là depuis longtemps, et ont servi de support à des peintures en 2009.
J’aime exhumer des feuilles anciennes, comme si cette mise en jachère du papier pouvait être bénéfique à l’acte de peindre.
Aujourd’hui, je trouve ce format un peu grand, et il me vient d’abord l’idée de le couper en quatre parties égales. Mon regard se tourne alors vers une petite table basse de l’atelier, où est posé un ouvrage sur les maisons de thé au Japon. Les pages de ce livre n’ont été massicotées que partiellement, de façon à ce que certaines d’entre elles se retrouvent pliées, offrant ainsi une zone intérieure, ou le doigt aime parfois se glisser.
C’est cette solution que j’adopterai pour ma dernière peinture. Une feuille non coupée, mais pliée en quatre. Je peindrai sur une des faces. La pliure sera en bas, et à cet endroit, la peinture présentera une fois accrochée, comme une sorte de ventre.
Pendant la réalisation, je n’empêcherai pas la peinture liquide de se glisser dans ces plis, même si elle échappe pourtant au regard final sur l’œuvre.
Ce qui me plaît, c’est qu’il existe dans mon travail une famille de peintures pliées, plutôt en deux d’habitude, qui se déploient sur plusieurs années. Ma dernière peinture crée une descendance qui enrichit cette singularité de l’œuvre.