Texte figurant dans le catalogue de l'exposition "Archives rêvées, Mémoires de peintres" - Archives Nationales, Pierrefitte-sur-Seine - 2016
Les visites d’Alain Sicard dans les musées sont longues, très longues.
Une attention particulière accordée à la peinture, notamment celle du XIXème siècle, aux arts décoratifs, et puis à la fin de la visite, la librairie, patiemment explorée. Le stand des cartes postales minutieusement inspecté.
Il faut essayer de retrouver, à travers l’iconographie proposée, quelques-unes des oeuvres
remarquées. L’écart entre la reproduction et l’original est apprécié, il suscite la déception, le renoncement, ou l’approbation.
Il faut obligatoirement que l’œuvre reproduite ait figuré dans l’accrochage du musée.
L’achat d’une carte matérialise une adhésion, soit la conquête d’une œuvre, soit la confirmation d’un choix existant. Après l’achat de plusieurs cartes d’un même peintre dans différents musées, Alain Sicard peut alors envisager l’acquisition d’un catalogue monographique, qui couronne son engouement ou son intérêt !
Les cartes s’exposent ensuite à l’atelier sur de fines étagères, selon un agencement savamment orchestré.
Agencement régulièrement repensé, en fonction d’un nouvel arrivage de cartes, ou quand la mémoire a bu l’ensemble des images.
Elles sont ensuite rangées dans un meuble de bureau à tiroirs métalliques et rarement exhumées.
Parallèlement, pendant la visite du musée, Leica en main, Alain Sicard, capte ces mêmes œuvres ou des parties d’entre elles. La photographie retient ce qui a été aimé, détesté, avec une addiction pour les peintures improbables, glauques ou ambiguës. Il ne note jamais le titre de l’oeuvre ni le nom de l’artiste.
Ces images sont ensuite regroupées sur son site, dans une rubrique générique qui a pour titre « Collection ».
Cartes et images photographiées se complètent, se recoupent, composent une incessante mise en abyme, un détail de peinture préalablement photographié se découvrant parfois sur une carte, la carte, elle, précisant l’origine du tableau photographié.
Les sources picturales sont ainsi démultipliées, enrichies, déformées, par l’iconographie achetée ou photographiée ; elles constituent une manne constamment renouvelée, impulsent la création, s’érigent en aubaine féconde.
Claire Dumay
|